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11 février 2013

(...) Antoine Emaz quand il dit dans son

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Antoine Emaz quand il dit dans son journal.9 Janvier 2013.

"Il faudrait peut-être distinguer entre s’exprimer et s’adresser. Le premier jet est expression pure, suée de vivre en mots. Du vécu sans mots se dit, tente de se dire, émerge ou fait éruption ou passe en langue, en matière langue, bloc ou flux de langue, c’est selon.  
A ce stade, je suis passé d’un vécu muet, non pas sans puissance ni violence ni tension, à un texte. Images, sensations, sentiments, émotions ont fait pression sur la langue, l’ont déformée, l’ont reformée, l’ont bougée, malaxée, triturée… pour finir masse de mots sur la page. Je me suis exprimé, avec ou sans rage, mais je n’ai pas écrit un poème. 
Reste à passer du texte au poème, c’est-à-dire un texte adressé, intégrant l’autre, le lecteur, et non plus seulement un texte qui n’est que démêlage grossier du méli-mélo entre moi et moi. A ce stade interviennent donc d’autres critères, même si le travail reste intuitif, instinctif. Je vise un poème, donc un objet de langue lisible par autrui et destiné à faire naître pour lui une émotion analogue, non pas identique, à celle qui m’a ébranlé au départ. 
En fait, je menuise pour l’autre, à destination de l’autre, que je ne connais pas. Je vise une réception par le dehors. Aller au poème, c’est accepter d’intégrer dans le processus de création cette part de l’autre, cette question de la réception. 
Il ne s’agit pas d’écrire pour l’autre, mais de tenir compte de l’autre. D’où la distance critique durant tout le temps de la menuiserie : je relis et corrige avec un double regard d’auteur-lecteur ; il s’agit d’être à la fois dedans et dehors, le plus familier et le plus étranger. 
S’il y a bien travail esthétique, c’est parce qu’il s’agit de passer d’une expression pour soi seul à un partage. Et quelle que soit son apparence finale, même hirsute, épineuse, rebelle, mal dégrossie… le poème s’adresse, invite, appelle. Le lecteur reste bien sûr libre de répondre ou pas, de faire ou non ce bout de chemin de mots, mais je peux dire que j’ai fait mon travail. "

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Tout comme il n’y a pas qu’un moi, il n’y a pas qu’une seule vie. Ou plutôt, la vie est une tresse de vies par alternance, à la fois reliées et distinctes, comme des vases communicants étanches. Chacun est le gymnaste ou le funambule de sa vie, et il s’agit de sauter d’un fil à l’autre sans se casser trop souvent la figure. 
 

 

 

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